Dans la source - la vacuité de l'absence -
l'espace essentiel est le grand mystère,
présent depuis des temps sans commencement ;
éternellement, il fait jaillir le grand déploiement.
Il n'y a nul lieu où se cacher en lui,
rien à faire,
nulle qualité particulière ;
pas de recueillement, pas de progrès.
C'est une grande vacuité originelle,
une vaste ouverture plutôt qu'une absence,
sans intérieur ni extérieur,
sans haut ni bas,
sans direction ni destination.
Qui connaît cette réalité imprenable
Dans mon billet sur "pouvoir et spiritualité", j'ai sans doute donné l'impression que le yoga-tantra attire les scandales à cause des pratiques sexuelles qu'il encouragerait, ou bien encore en raison de sa fascination pour le pouvoir. Ceci me paraît simpliste.
Le tantrisme - au sens large - propose de guérir le mal par le mal. Mais qu'est-ce que le mal ? Certains parlent de s'éveiller de l'illusion de la séparation au moyen de l'illusion de l'éveil à notre vraie nature, d'autres proposent d'employer les images pour dépasser les images, etc. Mais d'autres, plus audacieux, évoquent la transmutation des émotions par les émotions elles-mêmes, ou encore une alchimie des sens par les sens.
"Tout est dans tout"
Cette affirmation se retrouve dans presque toutes les pensées traditionnelles.
A la fois vague et frappante, elle s'offre en effet à bien des interprétations - spiritualistes ou matérialistes.
Dans le platonisme, entre mille exemples, Porphyre démontre que
"Toutes choses sont en toutes, mais sur un mode approprié à l'essence de chacune."[1]
Plus loin, il en tire les conséquences pour le moi :
Toutes les traditions spirituelles prônent l'oubli du monde et le souvenir de l'être. Mais qu'en est-il de la mémoire au sens ordinaire ? En général, le souvenir banal, tel celui du croissant que j'ai mangé ce matin, est considéré comme un obstacle, au motif que le souvenir est une construction mentale et, partant, une illusion.
Le ?ivaïsme non-dualiste distingue trois moyens pour atteindre la plénitude de la liberté.
Le dernier est le yoga et la pratique rituelle.
L'intermédiaire est la philosophie.
Le premier est l'absorption mystique dans la volonté, définie comme pur élan avant toute pensée.
Qui se souvient ? Qui conceptualise ? Abhinavagupta répond clairement : c'est la conscience pure. La pensée est, certes, factice. L'ego est une construction. Mais ces élaborations ne sont possibles que grâce à une intuition de soi comme conscience, laquelle n'est pas un concept. Autrement dit, le souvenir par exemple est la synthèse d'une expérience présente (le souvenir) rapportée à une expérience passée.
Méditer, pour quoi faire ?
Pour calmer l'esprit. Une fois apaisé, il verra les choses telles qu'elles sont et les croyances sans fondement se dissiperont. Du coup, moins de souffrances. Telle est le pronostic du Bouddha et de bon nombre d'autres mystiques.
Imaginons l'esprit serein, pareil à une lampe abritée du vent, capable d'illuminer une fresque sans la déformer par sa propre agitation.
Mais comment voir ? Que faut-il voir exactement ? Et comment ?
Pourquoi obéissons-nous ?
En particulier, pourquoi obéissons-nous aux injonctions qui vont contre notre conscience ?
On répondra que ce ne sont-là que de petites dissonances dont chacun s'arrange avant de l'oublier devant un rayon de supermarché. Peut-être que nous obéissons seulement dans les cas où notre obéissance n'entraînera pas de grandes souffrances.
Joy Vriens vient d'écrire un excellent billet sur le bouddhisme. Un de plus.
Il y est question de savoir ce qu'est le bouddhisme. Certains, commeRoger-Pol Droit et Eric Rommeluère, attirent notre attention sur la possibilité que ce "bouddhisme" ne soit qu'un mirage propre aux Occidentaux.
Je voudrais revenir sur les trucs et astuces de la voie négative pour atteindre l'intuition de la non-dualité.
Ou plutôt, LES voies. Par-delà la profusion des textes, des corpus, trois figures ressortent :
- N?g?rjuna (c. 150).
Dans un précédent billet, je me demandais si une voie négative était capable de nous amener à l'expérience de la non-dualité, ou expérience mystique. La voie négative se retrouve dans différentes traditions. Au-delà de ses variantes, elle consiste à analyser, à déconstruire les concepts pour induire un état de conscience sans concept.
Il est encore important de vous avertir que lorsque vous serez dans un emploi qui n'exige pas de vous une attention actuelle et sérieuse à l'extérieur, vous devrez porter une certaine application d'esprit, douce, tranquille, et pleine d'affection envers Dieu présent dans le fond de votre cœur, et donner une pente à votre âme pour se porter dans l'int
"Le troisième silence se fait en Dieu, quand notre âme toute entière se transforme en lui et goûte pleinement sa douceur ; elle s'y endort comme en un cellier et se tait sans désirer davantage. Elle s'endort elle-même, oubliant la faiblesse de sa condition, puisqu'elle se voit si bien formée en Dieu auquel elle est unie et revêtue de sa lumière, comme un autre Moïse après avoir pénétré dans le brouillard de la montagne, mieux encore comme Saint-Jean après la Cène, quand il inclina sa tête sur le cœur du Seigneur et qu'ensuite il garda le silence sur tout ce qu'il apprit et comprit.
La nature ne peut être le fondement de la morale, car la nature, comme ordre naturel, n'est qu'une construction au service des intérêts de ceux qui dominent cet "ordre naturel".