Dans l’enseignement du Dharma on parle beaucoup de la méditation, axe central de la pratique, mais pour quoi faire ?
Ce qui me paraît primordial est de savoir d’abord si notre pratique nous permet réellement de moins souffrir, non pas qu’il y ait moins de sujets de souffrance, mais que nous les abordions d’une manière complètement différente, d’un esprit plus léger, & ensuite si cet esprit plus détaché, nous donnes les moyens d’aider les êtres à eux-mêmes moins souffrir sans les déresponsabiliser. En fait il me semble que notre expérience spirituelle doit nous permettre d’être moins sensible aux perturbations mentales qu’on nomme dans le bouddhisme les « trois poisons » : notre haine, notre avidité & notre ignorance.
La méditation s’accompagne de la pratique de l’éthique et de la sagesse, découpage que nous avons pu voir dans le Tripitaka.
Pour le Dalaï Lama ils sont à prendre suivant une progressivité dans cet ordre (éthique, méditation, sagesse) :
« Dans chacun des textes sacrés, la principale pratique est décrite comme un état extraordinaire créé par l’union de l’apaisement de l’esprit » (la méditation concentrée) et la «pénétration spéciale» (la sagesse). Afin de réussir une telle union, nous devons d’abord établir son fondement: la morale (l’éthique).
Pour que la sagesse de la pénétration spéciale élimine les obstacles de manière à obtenir une compréhension véritable et pour se débarrasser des états mentaux faussés dès la racine, nous avons besoin d’une méditation concentrée, c’est-à-dire d’un état de détermination absolue dont toutes les distractions intérieures ont été éliminées.
Sinon l’esprit serait trop fragmenté. Sans une méditation concentrée très focalisée, la sagesse n’a pas de puissance.
Il s’agit d’être constamment conscient de notre activité, de notre corps et de nos paroles. Si nous ne surmontons pas les distractions, il sera impossible de vaincre les distractions intérieures plus subtiles.
C’est en maintenant une pleine conscience que l’on obtient l’apaisement de l’esprit. La pratique de l’éthique doit précéder la pratique de la méditation concentrée.
En considérant les trois pratiques – morale, méditation concentrée et sagesse – nous voyons que chacune sert de base à la suivante. »
Le Zen quant à lui, privilégie plus la méditation et la posture (« Shikantaza » : juste s’asseoir) pour débuter (et continuer) l’apprentissage et voit plus l’éthique, la méditation et la sagesse comme nourrissant ensemble la pratique dans une simultanéité.
L’éthique (Sila) ou discipline, balise le chemin spirituel, mais est aussi une réflexion sur l’agir, car agir c’est être et être c’est agir. Nous sommes ce que nous faisons. Il y a donc une dimension naturellement éthique à chacun de nos gestes.
« La connaissance intellectuelle bute sur un indépassable, il faut se résoudre à emprunter une autre voie de connaissance – la méditation. »
L’intellect trouve sûrement une autre place plus mesurée dans une telle pratique, se répondant l’un l’autre, ces trois voies sont entremêlées, la méditation comme la sagesse bouddhistes montrant que l’action, l’éthique, est au cœur de notre vie. Elle est la vie même
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