Des chercheurs anglais viennent de publier une étude dont les résultats vont à l'encontre de ce dont nous sommes tous convaincus sur le Monde d'Omkar. Pour nous, la spiritualité apporte indéniablement le bien-être intérieur. Cependant cette étude, qui vient d'être publiée dans Psychological Medicine, et intitulée 'Croyances spirituelles et religieuses en tant que facteurs déterminants pour l'apparition de dépressions majeures: une étude prospective internationale', voit les choses sous un angle fort différent.
Cette étude, dirigée par Michael King, de l'University College de Londres rassemble des données de 8000 personnes suivies par des médecins généralistes à travers sept pays. Les cabinets médicaux concernés se situaient au Royaume-Uni, en Espagne, en Slovénie, en Estonie, aux Pays-Bas, au Portugal et au Chili, dans des zones rurales et urbaines, avec de fortes variations socio-économiques.
Même si les chercheurs soulignent eux-mêmes que leur étude n'apporte pas des conclusions définitives, celles-ci méritent qu'on s'y attarde. D'autant plus que selon cette étude, plus les convictions religieuses ou spirituelles sont fortes, plus les risques sont grands.
Si l'on creuse un peu la question, on constate, toujours selon cette étude, que ce sont des personnes avant tout en souffrance qui développent des dépressions. L'étude pointe que les personnes qui sont en passe de développer un trouble mental lié à une souffrance ou à un mal être, sont enclines à entamer une recherche de la vérité. Recherche qui les conduit bien souvent dans la religion et/ou la spiritualité.
D'où le lien que fait l'étude entre religion et spiritualité d'une part et dépression d'autre part. C'est là que les résultats de l'étude sont contestables, pour ne pas dire plus. Ils contredisent même son intitulé 'Croyances spirituelles et religieuses en tant que facteurs déterminants pour l'apparition de dépressions majeures posant ainsi religion et spiritualité comme cause de la dépression alors qu'elles en sont plutôt une conséquence selon les résultats de l'étude elle-même..
Mais il faut aller encore plus loin. En admettant même que religion et spiritualité soient une cause de dépression, la raison tiendrait, avant tout et logiquement, dans le fait qu'elles n'ont pas apporté un soulagement à la peine ou une réponse au questionnement existentiel. Si l'on voit religion et spiritualité comme synonyme d'espoir déçu et de non réponse au questionnement, alors oui, on peut dans une certaine mesure et jusqu'à un certain point les voir comme causes de dépression. A l'extrême limite, car c'est comme reprocher à un médicament sans effet d'être la cause de la maladie, ce qui n'est pas très sérieux. Il serait beaucoup plus sérieux de chercher les causes de la maladie dans les dysfonctionnements sociaux
Mais admettons le médicament inefficace comme cause de tout et allons encore plus loin. Voyons ce que l'étude appelle religion et spiritualité. Il s'agit ... des religions et des croyances new-age qui fleurissent partout, et qui, il faut le reconnaître; ne sont pas toujours raisonnables, quand elles ne sont pas totalement abracadabrantesques. Tout ceci n'a rien à voir avec la spiritualité. Le terme spiritualité vient du latin spiritus qui, avant toute chose signifie, souffle. Or le souffle est le grand absent des religions (ça n'a pas toujours été le cas dans un lointain passé mais c'est désormais ainsi), et le grand absent des techniques et croyances new age.
Quand Siddharma Gautama quitte toutes ses richsses matérielles pour entamer une recherche spirituelle qui le conduira à l'état de Bouddha, c'est parce qu'il est profondément marqué par sa découverte de la réalité de la condition humaine : la souffrance, la maladie, la vieillesse et la mort inéluctable. Il cherche le remède universel pour sauver l'humanité de ce triste sort et le découvre ... dans le souffle.
Voilà pourquoi, à coté de l'étude qui nous intéresse aujourd'hui, tant d'études montrent, à l'inverse, les bienfaits qu'apportent à l'humanité souffrante, les techniques de méditation les plus simples qui consistent simplement à porter une attention au souffle, comme zazen ou la populaire méditation en pleine conscience.