Il est encore important de vous avertir que lorsque vous serez dans un emploi qui n'exige pas de vous une attention actuelle et sérieuse à l'extérieur, vous devrez porter une certaine application d'esprit, douce, tranquille, et pleine d'affection envers Dieu présent dans le fond de votre cœur, et donner une pente à votre âme pour se porter dans l'intérieur vers son divin objet, comme vous voyez des aiguilles touchées de la pierre d'aimant se tourner toujours vers le Nord.
Il serait encore très utile de se tenir devant Dieu comme tout abandonné à sa conduite, et dans une certaine suspension d'actes qui vous mettent dans une simple attention à cette divine présence : que si le cours ordinaire de la vie vous appelle à quelque exercice dans lequel une attention partagée fatiguerait trop votre esprit, et vous ôterait la liberté de vous acquitter comme il faut de vos obligations il faudra, après un acte de soumission à la volonté de Dieu, vous y appliquer avec l'attention qui est nécessaire pour s'en bien acquitter ; mais il ne faut pas que vous soyez occupé de telle manière que vous y laissiez absorber votre esprit dans un éloignement de Dieu qui soit de durée : et pour cet effet il faudra de temps en temps entretenir cette présence par des mouvements effectifs de votre cœur vers Dieu (...)
Or si vous êtes fidèle à cette pratique, vous éprouverez bientôt, qu'à force de de vous approcher de Dieu que l'écriture appelle "un feu consumant", vous serez embrasés de son amour, et que vous ne pourrez envisager souvent cette beauté toujours ancienne et toujours nouvelle comme l'appelle Saint-Augustin, sans devenir son esclave et son adorateur.
Maximien de Bernezay, Traité de la vie intérieure, II, pp. 198-199, 1686
David Dubois La Vache Cosmique