Sur le Monde d'Omkar, nous apprécions les médecines douces. Bien sûr, cela nous vaut périodiquement des accusations de charlatanisme et/ou de pratiques sectaires et obscurantistes de la part de l'Académie. Certes il y a des abus, des cas indéfendables, que je suis le premier à déplorer.
Cependant, ces derniers temps, "ceux qui savent" ont largement montré que les satires de Molière sont toujours d'actualité. C'est ainsi que le médicament contre l'acné Diane 35 a fait des morts en étant détourné de son usage pour devenir une pilule contraceptive. Le Médiator, médicament contre le surpoids des diabétiques, a fait des morts en étant détourné de son usage pour devenir un coupe-faim. L'on pourrait parler du Rivrotil aussi, et d'autres.
Bref, ceux qui savent, ceux qui voient des charlatans en tous ceux qui ont le malheur d'envisager de guérir autrement, prescrivent n'importe quoi. Le Malade Imaginaire est toujours d'actualité, avec ce candidat bachelier qui passe ses examens de médecines devant les maîtres de l'Université.
Comment soigner l’hydropisie ? Le candidat bachelier répond « Clysterium donare, postea saignare, ensuita purgare ». (Utiliser le clystère, puis saigner et enfin purger). L’examinateur donne son avis « Bene, bene ». (Bien, bien)
Vient l’étude d’un cas pratique : un malade souffre de violents maux de tête, de fièvres, de douleurs abdominales. Que faire ? Le candidat bachelier a la solution : « Clystérium donare, postea saignare, ensuita purgare ». « Bene, bene » lui répond-t-on.
Un maître plus malicieux tente de prendre le futur médecin défaut : et si, malgré cela, le mal ne se dissipe pas ? le candidat bachelier triomphe : « Clystérium donare, postea saignare, ensuita purgare. Ensuita, resaignare et repurgare ».
Le jury applaudit aux brillantes réponses du candidat, le félicite et lui décerne le titre de docteur en médecine. Ses compétences démontrées à tous, il obtient le droit d’exercer son activité librement.
De l'acné ? De la contraception ? Diane 35 donare...
Quand une médecine dite parallèle échoue, tout le monde s'insurge, dénonce. Tout ce qui n'est pas la médecine officielle est suspect. Tous les savoirs "autres" sont remis en cause. Quand des quantités de morts sont provoquées par des prescriptions débiles, on parle de scandale, on cherche des responsables. Mais il n'y a pas de remises en cause de fond. Pas de remise en cause de la médecine et des médecins. Pas de remise en cause, ou si peu, des laboratoires pharmaceutiques.
Car au fond, il y a quelque chose de normal dans tout ça. Le "primum non nocere", (d'abord ne pas nuire) d'Hippocrate est relégué au second plan, devant quelque chose de bien plus important. L'argent. Les laboratoires pharmaceutiques veulent gagner de l'argent, encore de l'argent, et ils arrivent à convaincre les médecins de prescrire. En offrant des voyages très coûteux, ou autres avantages très coûteux. Et puis ceux qui ont besoin de coupe-faim ou de pilules contraceptives, comme Argan, ne sont pas malades. Alors...
Soigner ? Quelle idée ?! La médecine permet d'obtenir autres choses. Du pouvoir, de l'argent. Molière déjà avait bien vu cela.
Le Malade imaginaire, III,14
Argan : Qu’il se fasse médecin, je consens au mariage. (A Cléante.) Oui, faites-vous médecin, je vous donne ma fille.
Cléante : Très volontiers, monsieur. S’il ne tient qu’à cela pour être votre gendre, je me ferai médecin, apothicaire même si vous voulez.
Prescrire pour de l'Argan content...