Des scenarii où les
méchants sont très méchants et les gentils sont très gentils, le cinéma des
années 60 sans nuance, est passé de mode depuis bien longtemps. A notre époque
on essaie d’être beaucoup plus réaliste ou proche de la réalité et on s’inspire
des problèmes de la vie quotidienne pour nous montrer des choses plus nuancées
que ces scenarii plus proches de la « commedia del Arte » et qui nous paraissent
maintenant trop simpliste et grand « dadetiste ».
Ce qui se passe au Kenya actuellement, dépasse le scénario le plus simplet
jamais imaginé, qui ferait le plus gros bide de l’actuel box office tellement
c’est gros !
L’accaparement des terres par de grandes entreprises au détriment des
populations locales se poursuit dans l’incompréhension et l’omerta mondiale la
plus totale.
Ainsi, le gouvernement vient de « confier » 50 000 hectares de forêts, situés
dans la région côtière de Malindi, à la Kenya Jatropha Energy Limited,
entreprise privée détenue par la société italienne Nuove Iniziative Industriali
SRL. Sans surprise, cette dernière est spécialisée dans la production
d’énergies renouvelables, notamment l’huile de palme qu’elle importe d’Afrique
et d’Asie à des prix défiant le bon sens.
Selon un document officiel fraîchement publié par les autorités, les terres en
question sont louées pour une durée de 33 ans, sur la base tarifaire de 2 euros
par hectare.
D’après Réseau Action Climat (RAC), la Kenya Jatropha Energy Limited projette
de raser 30 000 hectares forestiers et d’exploiter les terres communales ainsi
investies. Quand partout on sait que la déforestation la porte ouverte à la
désertification progressive et à la mort.
La finalité de cette installation trouve sa réponse dans la production du
jatropha, une plante non comestible mais supposée offrir des rendements élevés
en huile, vouée à alimenter la production de ce fameux miracle ô combien
éphémère que sont les agrocarburants .
Selon le réseau associatif, ce projet « a été élaboré sans que l’ensemble des
consultations prévues par la constitution kenyane n’ait été mené ». En janvier
2010, les populations de la région de Malindi auraient ainsi été alertées par
des fumées inhabituelles émanant de la forêt de Dakatcha, résultant du passage
des bulldozers sur les arbres des territoires cédés par le gouvernement.
D’après ActionAid Kenya, 20 000 personnes seront affectées par cette
monopolisation, pour ne pas dire destruction, et devront être « éventuellement
déplacées ». Parmi celles-ci, comptent de nombreux paysans, dépossédés de leurs
productions vivrières dont dépendent également les populations autochtones.
Communauté indigène, les Wa Sanya partagent un sort comparable, leur
subsistance dépendant de la chasse et de la cueillette.
A l’inverse, du point de vue de l’entreprise italienne, l’opération devrait
s’avérer ô combien lucrative, même si les profits générés varient selon la
source d’informations. D’après les documents officiels, 30 % de l’huile
produite au Kenya devrait être exportée vers l’Italie, les 70 % restants étant
destinés à la consommation énergétique nationale. Mais des points restent
volontairement dans l’ombre. Ainsi, ne sont précisés ni la manière dont sera
transformée l’huile en territoire kenyan en l’absence d’infrastructures
adéquates, ni les prix qui seront pratiqués par l’entreprise exploitante à
destination du marché kenyan.
Contredisant ces déclarations, l’entreprise exploitante aurait récemment confié
à la presse italienne que seuls 20 % de la production kenyane seraient
consommés sur place contre 80 % se destinant à l’exportation en direction de
l’Italie.
Ne s’avouant pas vaincues, les communautés locales, bénéficiant de l’appui des
organisations de la société civile kenyane, ont exprimé leur opposition à ce
projet auprès du gouvernement, faisant valoir leur droit à disposer de leurs
terres. Fin mai, les premières consultations publiques ont attesté de l’ampleur
des contestations. Les agences gouvernementales de protection des forêts ont
également fait entendre leur mécontentement, affirmant ne pas avoir été
préalablement consultées. Face à l’urgence, ActionAid Kenya, partenaire du RAC
et impliqué dans les négociations entretenues avec le gouvernement, en appelle
à la solidarité internationale afin de « défendre la souveraineté alimentaire
des communautés de la région de Malindi et empêcher la destruction de la forêt
de Dakatcha ».
Le pot de terre contre le pot de fer est donc encore d’actualité plus que
jamais. Le plus indécent dans ce genre d’entreprises non seulement elles ne se
contentent pas de ruiner les classes laborieuses des pays en voie de
développement par des fonds en espèces grassement remis aux dirigeants
politiques qui pillent leurs propres peuples, leurs propres terres, mais aussi
récoltent des fonds Européens !! car elles participent à l’écologie moderne,
spécialisées dans la production d’énergies renouvelables, et donc moins
polluantes… un comble et la preuve de la main mise par les faiseurs d’argent sur
l’écologie et les nouvelles formules « vertes » de notre monde qui ne s’en
tirera pas à si bon compte lorsque le moment de payer sera venu ! Et ça ne
saurait tarder!