Nelson Mandela nous a quitté. Et les hommages rendus à cet homme exceptionnel se multiplient.
Nelson Mandela est-il bien compris pour autant, ce n'est pas sûr. Au cours d'un reportage ces derniers jours, une journaliste a dit de lui une phrase très surprenante : "Nelson Mandela n'était pas un chef spirituel".
Je pense au contraire qu'il en était un. Il ne se définissait pas comme cela, ce qui ne le rendait que plus grand. Il ne se voyait peut-être même pas comme cela, ce qui ne le rendait que plus grand. Mais quelqu'un qui, plutôt que de se réclamer d'une obédience, et après avoir vécu ce qu'il a vécu et souffert ce qu'il a souffert, construit une nation sur les bases de pardon et de la réconciliation est un très grand chef spirituel.
Laissons lui la parole :
Les armes spirituelles sont dynamiques et elles ont souvent un impact difficile à apprécier dans des circonstances données, sauf à la lumière de l'expérience. D'une certaine façon, des prisonniers, elles font des hommes libres, transforment les roturiers en monarques et la boue en or pur.
La leçon très simple de toutes les religions, de toutes les philosophies et de la vie elle-même est que, même si le mal peut temporairement se déchaîner, le bien emporte toujours les lauriers à la fin.
Toujours faire de la religion une affaire privée, réservée à soi. N'encombre pas les autres avec ta religion et autres croyances personnelles.
Nul n'a le droit de prescrire aux autres ce qu'ils doivent croire ou non.
Je ne suis pas particulièrement religieux ou spirituel. Disons que je m'intéresse à toutes les tentatives qui sont faites pour découvrir le sens de la vie. La religion relève de cet exercice.
La force de la solidarité interreligieuse – et pas la simple concorde ou coexistence – dans l'action contre l'apartheid, a été cruciale pour abattre ce mauvais système. Cette approche, plutôt que des discours concurrents, a permis à chaque tradition de se mettre au service de tous.
La décadence morale de certaines communautés à travers le monde est révélée entre autres par l’utilisation du nom de Dieu pour justifier des actions condamnées par le monde entier comme des crimes contre l'humanité.
J'ai conscience de l'importance de la religion... Il faut avoir connu les prisons d'Afrique du Sud sous l'apartheid, vous pouviez y voir la cruauté des hommes sous sa forme la plus crue. Mais il y avait aussi les institutions religieuses hindoues, musulmanes, juives, chrétiennes, c'étaient elles qui nous donnaient l'espoir qu'un jour nous sortirions, qu'un jour nous reviendrions.