Le présent billet m'est inspiré par un billet publié par notre ami Lung Ta Zen: Les 12 bonheurs du Yogi. Son billet m'a donné envie de relire un texte classique des bouddhistes tibétains et d'en partager un extrait avec vous.
Ce texte est intitulé "Le Rosaire Précieux". Il faisait partie des enseignements que les yogin de la lignée Kagyüpa emmenaient avec eux lorsqu'il allaient méditer dans les Himalaya. La lignée Kagyüpa est constituée par les disciples du très fameux yogi Milarepa qui avait lui-même reçu les enseignements de Marpa le traducteur, enseignements que ce dernier avait rapportés d'Inde après les avoir recueilli auprès des yogin et des bouddhistes indiens (je simplifie un peu, les spécialistes ne m'en voudront pas :)
Dire que les yogin Kagyüpa emmenaient ces enseignements avec eux est une façon de parler. Disons plutôt qu'il les avaient en eux, dans leur tête, car les textes étaient rarement écrits, comme le nom même de Kagyüpa l'indique, car il signifie, si je ne m'abuse, quelque chose comme: tradition orale.
Il est malgré tout, et fort heureusement possible, de lire ces textes, en français qui plus est, dans un ouvrage intitulé "Le Yoga Tibétain et les Doctrines Secrètes, ou les Sept Livres de la Sagesse du Grand Sentier", aux éditions Adrien Maisonneuve. Parmi ces sept livre figure le Rosaire précieux dont voici un extrait:
Les treize faillites lamentables:
- Si, étant né un être humain, l'on ne prête aucune intention à la Sainte Doctrine, on ressemble à l'homme qui reviendrait les mains vides d'une terre riche en pierres précieuses et cela est une faillite lamentable.
- Si, ayant passé le seuil de l'Ordre Saint, on retourne à la vie de chef de famille, on ressemble au papillon plongeant dans la flamme de la lampe, et ceci est une faillite lamentable.
- Vivre auprès d'un sage et demeurer dans l'ignorance c'est comme un homme mourant de soif sur le rivage d'un lac, et ceci est une faillite lamentable.
- Connaître les principes de morale et ne pas les appliquer à guérir les passions obscurcissantes, c'est être comme un homme portant un sac de médicaments sans en user, et ceci est une faillite lamentable.
- Prêcher la religion et ne pas la pratiquer, c'est être comme un perroquet qui récite une prière, et ceci est une faillite lamentable.
- Donner en aumônes et en charités des choses obtenues par vol, brigandage ou tromperie, est comme l'éclair frappant la surface de l'eau, et ceci est une faillite lamentable.
- Offrir à des déités de la viande en tuant des êtres animés, c'est comme si l'on offrait à une mère la chair de son propre enfant, et ceci est une faillite lamentable.
- Exercer sa patience pour des fins purement égoïstes plutôt que pour rendre service aux autres, c'est être comme la chat exerçant sa patience afin de tuer un rat, et ceci est une faillite lamentable.
- Accomplir des actions méritoires à seule fin d'obtenir de la gloire et les louanges du monde est comme échanger la pierre mystique qui comble les souhaits contre une crotte de chèvre, et ceci est une faillite lamentable.
- Si, après avoir entendu beaucoup la Doctrine, on garde une nature inharmonieuse, on est comme un médecin conservant une maladie chronique, et ceci est une faillite lamentable.
- Etre savant en préceptes mais ignorant des expériences spirituelles qui viennent de leur application, c'est être comme un homme riche qui a perdu la clef de son trésor, et ceci est une faillite lamentable.
- Essayer d'expliquer aux autres des doctrines dont l'on n'a pas soi-même la maîtrise complète; c'est agir comme un aveugle conduisant d'autres aveugles, et ceci est une faillite lamentable.
- Tenir les expériences résultant d'un premier stage de méditation pour être celles du stage final, c'est être comme un homme qui confond le cuivre avec lor, et ceci est une faillite lamentable.
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