Le scandale de la viande de cheval a fait beaucoup parler ces derniers jours. Il est dommage qu'il ne fasse pas davantage réfléchir.
On ne voit que la tromperie sur la marchandise. Ou plus exactement, les médias ne parlent que de la tromperie sur la marchandise. C'est un scandale, mais ce n'est qu'une tromperie. Après tout, du minerai de bœuf ou du minerai de cheval, c'est au final de la viande dans l'assiette.
Déjà, personne ne remet en question ce terme de "minerai" pour la viande. Le mot a souvent été employé dans les reportage, mais à lui seul ce terme devrait faire scandale.
Le fait est que pour l'industrie, le terme minerai est pratique. Il induit une indifférenciation. De la viande en cube, on ne peut plus voir la provenance, mais au final c'est de la viande. Donc la tromperie n'est qu'une petite "tromperie". La définition du minerai de viande, sur Wikipédia, mérite d'être lue : "Minerai de viande est une dénomination employées dans la terminologie de l'industrie agroalimentaire et désignant une masse agglomérée de dix à vingt-cinq kilogrammes d'ensembles de muscles et de chutes de viande produites exclusivement lors de la découpe (les « affranchis »), y compris les tissus graisseux y attenant, provenant de viandes fraîches découpées et désossées, réfrigérées, congelées ou surgelées.
C'est un produit issu de l'élevage et servant aux transformations agroindustrielles de types steaks hachés, plats cuisinés (lasagnes, hachis parmentier, moussaka, etc…)."
En réalité c'est bien pire. L'association de consommateurs Deco a indiqué jeudi dernier avoir trouvé des traces de phénylbutazone dans des hamburgers Auchan et de boulettes de viande de marque Polegar (une marque à bas prix d'Auchan), vendus au Portugal. Des hamburgers et des boulettes qui contiennent aussi de l'ADN de cheval.
Le phénylbutazone est un antidouleur interdit dans l'alimentation humaine, donc interdit dans le traitement des animaux destinés à la consommation humaine. Mais c'est un antidouleur fréquemment utilisé pour les chevaux, puisque ceux-ci ne sont pas destinés à l'alimentation humaine. En principe.
Auchan Portugal a tenu a rassurer tout le monde en affirmant que ces produits ont été immédiatement retirés de la vente. Tout va même très bien pour Stéphane Le Foll, notre bienveillant ministre de l'Agriculture, interrogé en marge de l’inauguration du Salon de l’agriculture à Paris. Stéphane Le Foll a déclaré à propos de trois des six carcasses de cheval envoyées du Royaume-Uni vers la France, qui contenaient des traces de phénylbutazone, et qui sont « probablement » entrées dans la chaîne alimentaire : "Sur ces carcasses, il y avait des traces extrêmement faibles de phénylbutazone. Il n’y a pas de risque pour la santé" , et pour que tout le monde soit bien rassuré, il a ajouté que "L’affaire n’a aucun lien avec le scandale de la viande de cheval camouflée en bœuf".
Le consommateur est clairement pris pour un imbécile.
Espérons que ce scandale sera, pour le consommateur, une occasion de s'interroger sur ce qui est une nourriture pour lui.