Ma méditation est souvent submergée de pensées non désirées, d’émotions, de sensations, de souvenirs. Au début j’avais beaucoup de mal avec cela, puisque je me posais dans l’espoir d’obtenir une certaine sérénité et j’avais en fait de la confusion à profusion.
« Quand les gens commencent à méditer, ils se plaignent souvent que leurs pensées se déchaînent, qu’elles n’ont jamais été aussi incontrôlables. Je les rassure en leur disant que c’est bon signe. En effet, loin de signifier que vos pensées sont de plus en plus déchaînées, cela montre que vous êtes devenu plus calme, vous prenez finalement conscience de combien vos pensées ont toujours été bruyantes. » Sogyal Rimpoché
Cela créait une véritable césure en moi entre ces pensées qui couraient et ce désir de silence mental. Il m’a fallu comprendre que les pensées sont indissociables de la vie en l’humain.
« Les pensées sont l’activité naturelle de l’esprit et la méditation n’a pas pour but d’arrêter les pensées. Elle consiste simplement à reposer l’esprit dans son état naturel, lequel est spontanément conscient des pensées, des émotions et des sensations à mesure qu’elles surgissent, sans les suivre ni les rejeter. » Mingyour Rimpoché
En fait si ce mental qui erre d’une manière anarchique, ces rêves éveillés, toutes ces émotions aléatoires, me paraissaient au début un obstacle à la méditation j’ai pu me rendre compte qu’ils m’ouvraient la porte sur mon inconscient pour mieux trouver l’origine de mes comportements que je croyais conscients.
La première démarche est donc de reconnaître ce que l’on vit dans son être entier, et donc dans son mental et ensuite de l’accepter comme tel.
« Certaines personnes pensent que lorsqu’elles méditent, elle ne devraient avoir aucun pensées, aucune émotions. Rien n’est moins vrai. Les pensées et les émotions sont le propre rayonnement de l’esprit. l’océan a des vagues, pourtant il n’est pas particulièrement dérangé par elles : les vagues sont la nature même de l’océan. Les vagues se dressent, mais où vont elles ? Elles s’en retournent à l’océan. d’où ces vagues viennent elles ? De l’océan. De même, les pensées et les émotions sont le rayonnement et la manifestation de la nature même de l’esprit. Elles s’élèvent de l’esprit, mais où se dissolvent-elles ? Dans l’esprit.
Quand vous comprenez ceci, les pensées qui s’élèvent ne peuvent qu’enrichir votre pratique. mais tant que vous ne réalisez pas qu’elle est leur nature intrinsèque – le rayonnement de la nature de l’esprit – elles deviennent le germe de la confusion. Entretenez donc envers vos pensées et vos émotions, une attitude bienveillante, ouverte et généreuse.
Lorsque vous devenez plus conciliant avec elles, elles le deviennent aussi. » Sogyal Rimpoché
Devenir conciliant avec ses pensées est peut être les premiers pas en nous de la bodhichitta, déjà prendre soin de nous pour mieux sentir que chaque être humain a besoin de soutien et d’amour.
« Je regarde la conscience comme un bol à aumônes » Dogen
Qu’y a-t-il de plus précieux pour vivre que son bol pour celui qui vit du don des autres ?
« Le bol d’aumône selon Dogen, est le récipient de l’éveil. De la même manière on peut regarder sa conscience comme infiniment précieuse. Dans le bouddhisme tibétain on regarde son corps comme précieux, sans lui nous ne pourrions méditer. Mais la conscience est tout autant précieuse et il ne convient pas de la maltraiter. Ainsi, on devrait toujours être à l’écoute de ses désirs, de ses sentiments, de ses peurs qui remplissent la conscience. Il s’agit de prendre soin de soi, prendre simplement conscience que ce n’est qu’avec ce seul corps et ce seul esprit que nous vivons. Nous devons en prendre soin. » Eric Rommeluère
En étant compatissant vis à vis de nos pensées, cela ne veut pas dire qu’il faille leur donner une place suprême, mais les regarder pour ce qu’elles sont (comme dit plus haut : les vagues de la mer, l’écume de notre esprit).
« Soyez à l’égard de vos pensées comme un vieil homme sage qui regarde jouer un enfant. » Dudjom Rimpoché
Lutter contre elles les renforce, les laisser telles qu’elles leur permet d’aller et venir telle la marée. Et nous découvrons la marée étale, ce moment entre deux marées, et cette « étale » a des durées variables mais qui peuvent augmenter avec le temps.
« Quelques soient les pensées et les émotions qui se manifestent, laissez-les donc s’élever et se retirer, telles les vagues de l’océan. Permettez leur d’émerger et de s’apaiser, sans contraintes aucune. Ne vous attachez pas à elles.
Vous découvrirez par vous-même qu’un intervalle sépare chaque pensée de la suivante. Un espace dans lequel Rigpa, la nature de l’esprit, est révélé. La tâche de la méditation est donc de permettre aux pensées de ralentir afin que cet intervalle devienne de plus en plus manifeste. » Sogyal Rimpoché
Le vagabondage mental, n’est donc pas un obstacle ultime à la méditation.
« sentez vous libre en pensant « peu importe que ma pratique soit bonne ou pas » L’essentiel est de vouloir méditer. En soi cela suffit. » Yongey Mingyour Rimpoché
toutefois il peut nous paraître tellement envahissant, comme une angoisse, qu’on peut ne plus pouvoir, ou ne plus vouloir méditer. On peut alors utiliser des techniques de concentration pour diriger sa pensée, son attention et son énergie sur une seule chose.
Cela peut être une aide quand notre vie fait que notre méditation semble trop difficile.
Nous avons différents types de concentration :
- Nous pouvons évoquer une perception neutre ou positive, d’un de nos 5 sens vécue dans le passé (un bruit régulier, un visage pacifique, une odeur agréable etc…). Souvent on parle de visualisation, ce qui pour certaines personnes est trop compliqué car elles ne « voient » rien, mais en fait il faut privilégier le sens avec lequel on est le plus à l’aise.
- Nous pouvons aussi diriger notre attention sur une image symbolique. Cela peut être un symbole pur (comme le lemniscate, un point, un cercle) ou une image qui prend sens pour nous (une représentation d’un être qui nous inspire).
- Nous pouvons ramener notre conscience sur un point du corps, cela amène d’ailleurs en général, une chaleur sur ce point qui crée une action tonique et régulatrice sur cette partie, cela peut même faire diminuer une douleur (on se concentre pas sur la douleur, mais sur la zone qui souffre). Mais on peut aussi se centrer sur un processus du métabolisme, comme la respiration.
- Enfin, surtout en dehors des périodes de méditation, on peut se focaliser sur un acte en cours. Si toute notre conscience est tendue vers cet acte, le mental ne peut nous envahir.
Et quand nous nous sentons plus apaisé, moins angoissé, nous pouvons tenter de nous ouvrir à ce qui , en dehors de toute technique.
Lung Ta Zen http://lungtazen.wordpress.com/