Dans le précédent article je parlais du paradoxe apparent de parler de renforcer la confiance en soi et du fait que le bouddhisme décortique ce que peut être le « soi » sans en trouver trace nulle part.
Et en fait, dans le manque de confiance en soi, peut être que la difficulté primordiale c’est que nous avons une croyance en un « moi » qui est fausse.
« Les êtres humains ont un sens inné du soi, qui nous paraît être une sorte de noyau fixe, permanent, quelque chose d’indépendant, de séparé des autres comme du monde. Mais quel est le fondement ultime du soi ? Dans la pensée bouddhiste nous affirmons que cette croyance en un « moi » unitaire, solide, permanent, est à la racine de nos souffrances mentales et émotionnelles, les états mentaux destructeurs qui font obstacle à notre bonheur. La nature de la réalité renvoie à ce que dans la terminologie bouddhiste nous appelons le vide, ou le non-soi. »
Quand nous prenons conscience concrètement, ou par intuition, et même seulement par instant, de ce fait, cela peut entraîner une très grande angoisse, l’angoisse face à la non-existence, le néant, la mort. Manquer de confiance en soi ne serait pas alors un résultat de cela, mais plutôt une stratégie pour éviter la « grande angoisse ». Cette stratégie pourra être choisie inconsciemment par la personne ou transmise comme valeur dans l’éducation.
« Le sentiment du soi comporte toujours comme une ombre inévitable, un sentiment de manque, auquel (hélas !) il tente constamment d’échapper.
Ce profond sentiment de manque, nous l’éprouvons sous la forme du sentiment, d’un « il y a quelque chose qui cloche en moi ». Il peut se manifester de multiples façons et nous pouvons y réagir de toutes sortes de manières.
Un meilleur exemple pour la plupart des intellectuels sera le désir insatiable de célébrité qui illustre peut-être la principale manière de tenter de se rendre réel : dans le regard d’autrui (si nous pouvons persuader assez de gens que nous existons…).
Sous ses formes les plus « pures », le manque apparaît comme une angoisse presque insupportable, car elle ronge le cœur même de notre être. C’est pour cette raison que nous nous empressons d’objectiver l’angoisse en une peur de quelque chose, car alors, nous savons quoi faire : nous avons des moyens de nous défendre contre ce que nous craignons. »
Le fait de se rabaisser, de manquer de confiance en soi, de trouver des « pourquoi » à cela, peut nous permettre de fuir l’angoisse vitale, de la mort, de l’impermanence.
On ne peut « guérir » de cette grande angoisse que dans une vie éveillée comme le propose le bouddhisme, qui n’est pas une guérison par suppression du symptôme mais par acceptation et en trouvant sens dans l’instant.
« Une analyse bouddhiste implique qu’on ne puisse trouver de véritable « santé mentale », sauf dans un éveil qui, en mettant fin à ce sentiment du soi, met fin à la sensation de manque qui le couvre de son ombre. »
Mais cette démarche implique de se lancer en avant, de ne pas avoir peur, ou plutôt d’affronter cet inconnu sujet de la peur.
« Un ego assez fort pour mourir : en termes bouddhistes, il s’agit ici d’un sentiment du soi qui soupçonne qu’il s’agit d’une fiction, une construction illusoire, et qui est assez audacieux pour « s’abandonner » lui-même. »
Se lancer pour élargir ses possibilités comme nous le verrons demain.
Lung Ta Zen http://lungtazen.wordpress.com/