« On parle souvent d’éveil ou d’illumination à propos du Zen. Réaliser une vie authentique et éveillée serait sans doute plus expressif. » Eric Rommeluère
L’authenticité me semble être une vertu. Être authentique c’est être sincère avec soi même, qu’il y ait une harmonie entre l’émotion, la pensée et le faire, ou au moins qu’il y ait une réelle conscience des hiatus éventuels entre l’intérieur et l’extérieur.
Chercher cette authenticité c’est donc chercher sa vérité, la vérité en soi, découvrir ce que l’on est & à être ce que l’on est. Trouver les schémas faussés mis en place dans l’enfance et dépendant de notre histoire familiale que nous reproduisons la plupart du temps. En reconnaissant ces schémas nous participons à développer une individualité vraie qui soit moins conditionnée inconsciemment par ce passé, ces loyautés, ces peurs. C’est à dire qu’aborder le travail spirituel réel me semble aller de paire avec un travail psychologique, même s’il ne peut se limiter à celui-ci.
La Sagesse, cette connaissance de la vacuité, l’interdépendance et la loi de cause à effet, loi du karma, permettent d’approfondir cette authenticité. Nous ne sommes pas un personnage indépendant mais au contraire lié à un contexte actuel et une histoire passée, et en même temps un être qui doit assumer la responsabilité de ses actes. On ne peut plus s’enfermer dans une excuse culturelle ou extérieure. Le but d’une pratique spirituelle est de nous libérer de l’attachement à cet assemblage limité et conditionné du « moi » de façon à nous faire prendre conscience que nous sommes quelque chose de beaucoup plus spacieux qui rend réponse de ses actes. Et pour arriver à cet état nous devons nous appuyer sur une personnalité authentique.
La méditation nous aide, par cette ouverture que nous y mettons en oeuvre à lire en nous. Ne pas le pratiquer, ou pratiquer une méditation qui ne serait ni ouverte, ni silencieuse, c’est refuser de se connaître, c’est accepter sans se le dire qu’il y ait des zones d’ombres qu’on ne souhaite pas regarder ou les mettre sous la lumière.
Cela demande beaucoup de courage, puisque c’est une déconstruction de l’image de soi qu’on veut présenter pour « sauver la face » mais au contraire accepter de s’exposer au regard, dont notre regard profond. S’exposer c’est lâcher prise, c’est accepter de rentrer dans notre confusion, et cela n’est pas agréable de la voir étaler au grand jour, de voir sa personnalité dans ses composantes les plus fragiles. Et pourtant c’est aussi cela le plaisir de vivre authentique.
« Cessez d’être gentil, soyez vrai ! » Thomas D’Ansembourg
Dans la méditation on est présent à ce qui se passe dans notre corps qui nous parle de nos émotions, au lieu de les refouler, et qui nous parle de nos besoins fondamentaux. Mais cela implique d’accepter de se voir avec un regard neuf de ne pas céder à l’image que nous nous sommes construits de nous mêmes, comme indiqué ci-dessus.
« La méditation peut avoir une influence profonde sur la manière de nous comporter vis-à-vis de nous-mêmes et des autres.Ce travail de relation consciente peut nous aider à la fois à nous éveiller de nos schémas conditionnés et à devenir une personne plus authentique.Avoir simplement une réalisation spirituelle n’est pas suffisant. Il est également essentiel de démanteler les schémas émotionnels et mentaux, subconscients, que recèlent le corps et l’esprit et qui empêchent les individus d’incarner pleinement dans leur vie un mode d’être plus vaste. » John Welwood
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