[Dans notre tradition du Pur amour] nous tâchons que tout se concentre dans le cœur sans nul effort de tête : car souvent Dieu cache sous des distractions vagues ce qu'il opère dans l'intime de l'âme, afin de le dérober à la connaissance (...) de notre amour-propre.
L'abstraction de l'esprit [=la concentration mentale] a de grands inconvénients car, outre qu'elle ne fait guère de véritables intérieurs, elle nuit beaucoup à la santé et peut à la longue affaiblir l'esprit. (...) Comprenez une bonne fois que nous ne pouvons jamais fixer notre imagination. Il n'y a que Dieu seul qui puisse le faire (...) Lorsque l'âme est accoutumée à aller à Dieu par l'amour et la volonté, elle ne pense pas même à ses distractions et elles ne lui nuisent point. Elle les laisse pour ce qu'elles sont; comme un grand bruit que l'on ferait autour de nous ne nous empêcherait point ni d'aimer ni de nous occuper de Dieu. (...)
Il me vient dans l'esprit que ce qui vous a fait éprouver une si grande différence entre la facilité que vous aviez au commencement et la difficulté que vous avez à présent, est que vous avez fait consister votre oraison dans une certaine suspension de l'esprit qui se peut faire naturellement sans aucun don particulier d'en-haut; au lieu que l'oraison qui vient de l'amour et de la volonté est toujours accompagné d'une grâce particulière, puisqu'elle est le fruit de la pure charité.
Madame Guyon, Correspondance, édition Dutoit, vol. III, lettre 6
David Dubois La Vache Cosmique