Citoyen lambda de la société, je suis ponctuellement bénévole pour « les Restaurants du Cœur ».
Connaissant moi-même des soucis dans mon quotidien (Je ne roule pas sur l’or) et désireux d’aider mon prochain, cette solution m’a semblée la plus cohérente pour donner du sens à la charité et la solidarité entre hommes (et femmes).
Mais le sujet qui m’a amené à parler de ce sujet n’est pas là. La semaine dernière, j’ai participé à la collecte de nourriture pour « les Restaurants du Cœur ». Je connais au sein de l’équipe dans laquelle je suis des personnes qui se sont mobilisées pour organiser l’évènement et qui ont participé à ces collectes. Venant d’eux, je ne suis pas surpris de l’initiative. Mais venant des gens, du public, je n’aurais jamais pensé trouver une telle solidarité parmi tous ces gens !
Une très grande partie d’entre eux ont fait un geste, le plus souvent à la hauteur de leurs moyens ou avec une grande générosité et ce sont souvent les plus modestes qui ont agis. Leur regard, leur sourire et la pudeur de certains avait vraiment quelquechose de « magique ».
J’ai également constaté cette « magie » dans les faits du quotidien, lors des collectes de nourriture et de vêtements dans des magasins qui donnent spontanément des produits ou dans le cadre d’actions sociales visant à aider les personnes en difficulté. Il ne faut pas forcément voir au travers de cela un geste purement mercantile. Il est aisé de ne rien faire et pourtant des gens, des commerçants, des organismes et les médias bougent.
D’où une question qui m’est venue à l’esprit : qu’est-ce qui fait bouger les gens de cette façon ? Pourquoi « Les Restaurants du cœur » mobilisent t’ils autant de gens tout au long de l’année ?
J’en suis venu à un constat. Dans le cas des « Restaurants du cœur », nous assistons à un phénomène particulier : la force d’une idée qui est partie d’un appel de Michel Colucci dit Coluche le 26 septembre 1985 :
Cette idée a grandi et connait un succès européen. On trouve des relais des « Restaurants du Cœur » dans toute la France, même dans des petits villages grâce au soutien des administrations, des politiques et de bénévoles dévoués à la cause. De plus, une bonne partie des aides dont ils bénéficient provient de l’Union Européenne.
Quand une injustice a lieu, la voix des « Restaurants du Cœur » a un effet massue qui fait plier les résistances et rend plus tolérante les parties adverses.A ma connaissance, je ne connais qu’un autre homme qui a su avoir ce charisme au 20ème siècle : l’abbé Pierre :
J’en viens donc à ma réflexion : d’où vient toute cette énergie ? Comment réussit-elle à prendre du sens et à avoir autant de portée. La réponse est double : c’est un égrégore, relayée par un esprit bienveillant… tout comme pour l’abbé Pierre.
Pour ceux qui découvrent ce mot, un égrégore est l’énergie, d’une personne ou de quelques milliers qui portent une prière, une idée, un souhait ensemble et au même moment. Cette énergie, cette force prend vie et devient une entité en soi, indépendante, libre, autonome qui agit là où elle doit agir : sur les lieux, les gens ou les consciences et ce sans tenir compte de l’usure du temps.
A la différence de l’abbé Pierre qui était un homme d’église, Coluche se revendiquait comme un rebelle, un homme de la rue sans aucune attache à une religion ou à un parti. L’abbé Pierre avait l’Eglise pour soutenir son action mais Coluche a porté son idée par lui-même.
Et c’est en cela que je parle d’un égrégore social. Sans lui, rien n’aurait été possible. Et c’est ce phénomène qui m’émerveille car il est suffisamment rare pour être notable.
Bonne journée.
8 Maisons