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Méditer n'est pas rêvasser

Blog de : Omkar

Quel étonnant article que celui que l'on peut lire sur lesoir.be au sujet de la méditation. La méditation est de plus en plus en vogue. On devrait s'en réjouir, mais malheureusement des articles comme celui-ci donnent plutôt de quoi s'en attrister. Car les lire éloignent à coup sûr le lecteur de la méditation. Voyez-vous méditer n'est pas rêvasser, ce que nous dit pourtant en substance l'article dont voici quelques extraits :

Au cours de tests IRM (imagerie par résonance magnétique), des neuroscientifiques ont découvert que les sujets qui pratiquait une méditation "non directive" - celle qui encourage l'esprit à vagabonder comme bon lui semble - présentaient une activité plus élevée dans la partie du cerveau dédiée au traitement des pensées et des sentiments que ceux à qui on a avait demandé de se concentrer sur une idée en particulier. [...] Dans le cas de la méditation "non directive", les sujets se concentraient sur leur respiration ou sur un son méditatif, mais étaient autorisés à laisser leur esprit vagabonder comme ils le souhaitaient. [...] L'étude indique que la méditation "non directive" donne plus de place au traitement des souvenirs et des émotions que la méditation de nature concentrative", indique le neuroscientifique de l'université d'Oslo et co-auteur de l'étude, Svend Davanger  [...] "Cette région du cerveau affiche son activité la plus élevée quand nous nous reposons. C'est un système d'exploitation basique, un réseau dormant qui prend les commandes quand les tâches extérieures ne réclament pas notre attention, précise-t-il. Il est remarquable qu'une tâche mentale comme la méditation "non directive" résulte en un degré d'activité encore plus important dans ce réseau que pendant un moment de repos normal".

Bref vous l'avez compris, la méditation c'est comme laisser aller son esprit lors d'une petite sieste sur le canapé. Sauf que cela la méditation ce n'est pas ça du tout. Les scientifiques, avant de se lancer dans ce genre d'études, feraient sans doute bien de se renseigner un peu sur le sujet. Cela leur éviterait de conclure n'importe quoi. (*)

Dans une forme simple, comme la méditation en pleine conscience, on essaie autant que possible d'être pleinement conscient de quelque chose (comme aurait pu le dire La Palice :-) que ce soit la respiration ou autre. C'est tout le contraire de laisser l'esprit vagabonder et justement cela provoque ce que l'on peut appeler un débrayage des mécanismes mentaux, avec pour résultat un rapprochement avec son être profond qui entraîne bien-être et même bonheur intérieur.

Dans sa forme ultime, la méditation est décrite par les sutra I,2 et I,3 des Yoga Sutra, ouvrage classique sur le yoga :

I,2 Yogaschitta vritti nirodhah
I, 3Tadâ drastuh swarûpeavasthânam

Ce l'on peut traduire :

I,2 Le yoga (comprendre: la méditation dans sa forme ultime) est la cessation de la fluctuation de la substance mentale.

I,3 Alors le méditant contemple sa forme propre, ce qui se comprend par : le chercheur spirituel retrouve sa nature originelle, son âme (et même plus).

La cessation de la fluctuation de la substance mentale... nous sommes là assez loin d'un vagabondage de l'esprit.

Comme peut-on parvenir à cela ? Par la force de la concentration pour maîtriser son mental ? Totalement impossible. Pas plus qu'en laissant son esprit vagabonder, évidemment. Les meilleures traditions enseignent que souffle et mental sont intimement liés. C'est par un travail du souffle, pranayama, que le souffle au sens force vitale du terme (prana) est apaisé, et qu'ultimement le mental est totalement débrayé ce qui permet au méditant d'entrer, au delà de l'intellect, au delà du mental, dans une conscience supérieure, là où se trouve le bonheur complet et sans tache. Tout en douceur, par ce moyen habile.

(*) Les conclusions ridicules des scientifiques dans cet article me font penser à une vieille blague :

Un scientifique décide d'étudier une puce. Il dit à la puce "saute!". Et la puce  saute. Il lui coupe une autre patte et lui dit "saute". La puce ayant peur des conséquences si elle désobéit, saute. Le scientifique lui coupe une autre patte et lui dit "saute!". Malgré sa souffrance et bien que cela soit de plus en plus difficile, la puce saute, prenant à chaque fois plus de temps pour rassembler ses forces pour y arriver. Elle n'a pas d'autre choix pour essayer de sauver sa vie. Le scientifique continue son expérience et en arrive à couper la 6ème et dernière patte de la puce, puis lui dit "saute!". La puce ne saute pas.

Le scientifique note les conclusions de son expérience sur son carnet : quand on coupe les pattes à une puce,  elle devient sourde.