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L'arrogante lutte antisectes française

La France a été condamnée à quatre reprises par la CEDH pour violation de l’article 9 sur le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. La première procédure judiciaire l’opposait aux Témoins de Jéhovah en 2011 (Le Monde). Les trois autres l’opposaient à l'Association cultuelle du temple Pyramide, à l'Eglise évangélique missionnaire et son président et à l'Association des chevaliers du Lotus d'or, dont deux en relation avec le Mandarom (Le Monde). 

Le groupe d’études sur les sectes à l’Assemblée nationale (qui, si ses membres avaient un sens plus développé de la cohérence (voire de l’honnêteté) intellectuelle, devrait plutôt s’appeler « groupe d’études sur les dérives sectaires »), présidé par Georges Fenech, demande à la France de « réagir » et de « poursuivre la procédure judiciaire pour mettre à bas ce qui s’apparente à une atteinte aux valeurs défendues par notre pays en matière de droits de l’homme et de défense du libre arbitre ». Les membres du groupe, secondés par le président de la MIVILUDES Serge Blisko, mentionnent « une profonde incompréhension et un sentiment d’injustice » vis-à-vis du travail de lutte contre les dérives sectaires. Ces condamnations constituent à leurs yeux « un signal très négatif pour la crédibilité et l’efficacité » de cette lutte (source).

Ce faisant, ils illustrent, avec très peu d’à propos étant données les affaires récentes touchant le personnel politique, la propension des gens de pouvoir à vouloir se placer au-dessus des lois. Ainsi donc, l’infaillibilité de la MIVILUDES et affidés serait telle qu’une quatrième condamnation de la France prononcée par la CEDH, au lieu d’engendrer une réflexion de fond sur la politique déficiente suivie (quitte ensuite à utiliser les voies de recours légales), devrait au contraire, selon ces députés, appeler à une « réaction » d’indignation (notons que l’appareil judiciaire français, désavoué de façon cinglante par ces multiples arrêts, a au moins la bonne idée de ne pas commenter publiquement). Les tentatives répétées des membres de la MIVILUDES d’obtenir l’immunité participent de ce même sentiment d’être au-dessus des lois et de chercher par tous les moyens à s’y soustraire.

Quand, de plus, le directeur de l’Express invite le gouvernement à ignorer l’injonction judiciaire de la CEDH dans un éditorial violent du 6 février 2013 intitulé : « Pas un sou pour les sectes », on se dit que les sursauts de moralité, les effets de manche et autres trémolos dans la voix entourant l’affaire Cahuzac afin de revaloriser l’action politique, maquillent chez beaucoup une conception minimaliste et ponctuelle de la noblesse politique. Ils expriment clairement qu’ils n’ont pas l’intention d’appliquer aux groupes appelés arbitrairement et péjorativement « sectes », leur recommandation unanime de ne pas tomber dans le « tous pourris » s’agissant des politiques

CICNS