Trois associations religieuses de diverses obédiences (1) ont obtenu en 2011 et 2013, à l’unanimité des juges de la Cour européenne des droits de l’homme (y compris un juge français), la condamnation de la France pour violation de l’article 9 sur le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion, et le remboursement d’impôts abusivement prélevés par le fisc. L’État français n’a pas fait appel, les délais d’appel sont dépassés et tous les recours épuisés, la condamnation est donc définitive.
Le 4 septembre dernier, Serge Blisko, président la MIVILUDES (organe central de la politique française de « lutte et de vigilance contre les dérives sectaires ») déclarait à ce sujet dans le journal La Croix : « Il y a de vraies interrogations sur cette Cour (…). On ne peut pas accepter que des escrocs condamnés en France soient blanchis par elle ». Dans un violent éditorial du 6 février 2013 intitulé : « Pas un sou pour les sectes », le directeur de l’Express allait jusqu'à demander à l’État français d’ignorer l’injonction judiciaire de la CEDH.
Dans le journal Sud-Ouest, on pouvait lire, vendredi 6 septembre, sous le titre « On va parler sectes », des accusations allant jusqu’à la responsabilité d’incestes, de suicides et de meurtres, sous l’énumération de divers groupes dont aucun n’a été condamné pour de tels faits, mais qui ont eu le malheur d’être cités parmi 173 autres associations ou mouvements dans le fameux rapport d’enquête parlementaire sur les sectes de 1996.
Choquante, mais hélas devenue commune, l’attitude des activistes antisectes relayée par les principaux médias reste résolument celle de personnes « en guerre » contre un ennemi déclaré : les mouvements alternatifs à vocation spirituelle, éducative ou thérapeutique. Pour eux, « la fin justifie les moyens » et le droit comme la justice, quand ils s’opposent à leur combat, sont considérés comme obtus, ineptes, inadaptés ou déraisonnables.
Nous sommes bien sûr en État de droit et la justice reste le plus souvent un rempart aux pires débordements, mais la pression sur les groupes à vocation spirituelle, thérapeutique ou éducative est effective. Régulièrement, les journalistes « cassent de « la secte »(2) » sans que personne ou presque(3) au sein de la profession ne remette en question cette pratique ; des parents se sentent autorisés à kidnapper et droguer leur propre enfant(4) (majeur) au prétexte de le « sauver » d’un groupe qualifié de « secte », d’autres vandalisent, mettent le feux(5) ou posent des bombes(6) au siège d’une supposée « secte », des enseignants ou praticiens exerçant en toute légalité se retrouvent convoqués au commissariat pour des interrogatoires inquisiteurs suite à des rumeurs ou des délations, ou subissent des interventions policières brutales et des procédures judiciaires abusives(7).
Il n’y a personne ou presque, en France, pour dénoncer cette guerre-là.
Nous sommes en État de droit, mais une fois que la logique de guerre et la pratique du bouc émissaire est devenue courante et majoritairement admise à l’encontre d’une part de la population, la porte est grande ouverte à la restriction arbitraire des libertés fondamentales de tous.
Nous appelons à s'élever contre ce comportement hors-la-loi de certaines personnalités et autorités.
- (1) Témoins de Jéhovah, Eglise évangélique missionnaire et son président, Association cultuelle du temple Pyramide et Association des chevaliers du Lotus d'or (ces deux dernières en relation avec le Mandarom).
- (2) Lire : « Le thème des "sectes" dans les débats télévisés et radiophoniques sur le site du CICNS ».
- (3) Voir nos interviews de journalistes sur Youtube.
- (4) Lire l’article Enlèvement, séquestration en 2011: «Ma famille est comme une secte» paru dans Corse-matin le samedi 9 juin
- (5) Voir, par exemple : l’interview des Brahma Kumaris par le CICNS sur Youtube.
- (6) Voir : « La France antisectes : état des lieux, 3ème partie » à 1’ 32 ‘’ sur Youtube.
- (7) Voir nos recueils de témoignages et notamment : « 70 gendarmes dans un centre de biodynamisme accusé d'être une « secte ».