Une étude récente du Professeur Gilles-Eric Séralini publiée le 14 février 2014 [1], démontre que le système d’homologation des produits toxiques utilisés dans l’agriculture (pesticides, herbicides, fongicides) est obsolète, voire frauduleux, et qu’en réalité ces produits sont jusqu’à mille fois plus toxiques que ce que nous pouvions raisonnablement penser jusqu’à présent.
Comment les chercheurs en sont-ils arrivés à cette conclusion alarmante ?
Lors d’une interview accordée à l’émission « Terre à terre » de France Culture, Gille-Séralini l’explique dans le détail [2]. Il précise d’abord que les pesticides sont composés d’un principe actif et d’adjuvants. Le principe actif est la molécule principale du pesticide (ou d’un médicament). Les adjuvants sont les molécules ajoutées pour en accentuer l’effet. Il s’agit souvent de résidus de pétrole, de gaz, de produits détergents ou de graisses animales oxydées. Si l’on prend l’exemple du célèbre « Round up », le principe actif est le glyphosate, produit réputé peu toxique seul. En revanche, les adjuvants et la formulation finale sont eux très toxiques.
L’homologation dépend de deux types de contrôles : les uns à long terme concernent le principe actif, les autres, destinés aux adjuvants, sont à court terme. Or l’homologation est donnée si l’on constate qu’il n’y a pas de risque à long terme. Donc les risques éventuels liés aux adjuvants ne sont pas pris en compte. Et c’est ainsi que l’on a autorisé le Round up depuis 1975…
C’est là que l’étude menée par le Pr Séralini devient intéressante : les chercheurs ont sélectionné 9 produits chimiques utilisés massivement dans l’agriculture. Ils ont prélevé des doses infimes de ces pesticides et les ont appliquées sur des cellules humaines. Ils ont ensuite comparé le résultat entre l’application de la formulation (principe actif + adjuvants) et du seul principe actif déclaré.
Le résultat est édifiant : la formulation est jusqu’à 1000 fois plus toxique que le principe actif !
Il existe un lien entre nos maladies chroniques et notre environnement
Or, les scientifiques sont de plus en plus nombreux à pointer du doigt le lien qui existe entre notre environnement et les maladies que nous contractons. Toujours selon Gilles-Eric Séralini, l’impact mortifère des molécules chimiques sur notre santé est lié au fait qu’elles viennent perturber nos systèmes de communication internes.
Nos corps sont en vie parce que les 200 000 milliards de cellules qui les constituent communiquent entres elles grâce à nos deux systèmes de communication : l’un est électrique, c’est le système nerveux, l’autre chimique, ce sont les hormones. Les molécules chimiques que nous ingurgitons à longueur de journée (hydrocarbures, emballages plastiques, etc.) sont des molécules fossiles, résultat de millions d’années de transformation des végétaux.
Or les végétaux, pour assurer leur reproduction, émettent des parfums, des substances chimiques, qui sont autant d’hormones nécessaires à leur survie. Tous les produits à base d’hydrocarbures que nous utilisons sont donc des concentrés d’hormones qui viennent perturber et tuer à petit feu nos organismes. Le dérèglement de nos systèmes de communication qui en découle ne provoque pas des maladies bactériennes ou virales que la médecine est habituée à traiter, mais plutôt un délabrement général du corps qui aboutit aux maladies chroniques que l’on connaît : problèmes reproductifs, maladies hormono-dépendantes (thyroïde), maladies neurodégénératives (Alzheimer), et les cancers.
Ces inquiétudes ont été confirmées dans une étude menée au Sri Lanka par laquelle des chercheurs ont estimé qu’il existait un lien probable entre l’utilisation du Round up par les paysans dans le nord du pays, une région agricole défavorisée, et l’apparition d’une maladie chronique du foie [3]. L’étude montre que le glyphosate devient particulièrement toxique lorsqu’il est associé à l’eau naturellement riche en minéraux (magnésium, calcium, strontium et fer) de la région. Depuis l’utilisation massive de l’herbicide dans cette région, 15 % de la population active a contracté cette mystérieuse maladie du foie, soit 400 000 personnes, dont 20 000 sont décédées.
La nécessité d’un contre-lobbying citoyen [4]
Alors que, depuis des années, les preuves de la toxicité des pesticides s’accumulent et que de plus en plus de citoyens doutent des bienfaits de l’agriculture industrielle, il n’y a aucune réaction politique nationale ou européenne. Les dernières discussions autour de la Politique agricole commune n’ont rien fait pour favoriser le développement de l’agriculture biologique qui reste globalement absente des négociations internationales dans le domaine. L’agriculture reste un terrain de spéculation entre les mains de quelques acteurs économiques très puissants, adoubés par les Etats depuis des années, tels que Monsanto ou Syngenta.
Le problème, c’est que notre santé est entre leurs mains et notre avenir aussi. Si notre environnement continue de se détériorer, nous n’aurons plus d’enfants dans 50 ans. Or nous avons toutes les solutions qu’il faut pour nourrir la planète tout en gardant la population en bonne santé. Nous devons nous détoxiquer, changer d’agriculture et manger sainement.
L’agriculture industrielle et ses méthodes archaïques ne sont pas une fatalité. Mais pour que les autorités nous entendent, nous devons continuer à leur mettre la pression et c’est la raison pour laquelle je vous propose de signer la pétition lancée par l’association Bio-consom’acteurs qui demande un moratoire sur l’importation des OGM et du Round up.
Institut pour la protection de la santé naturelle
Sources :
[1] "Major pesticides are more toxic to human cells than their declared active principles" (2014) Biomedical Research International, par Robin Mesnage, Nicolas DEfarge, Joël Spiroux de Vendômois et Gilles-Eric Séralini
[2] Santé - Environnement 3 : "Médecine environnementale, plantes et détoxification, OGM, pesticides"
[3] Monsanto's Roundup may be linked to fatal kidney disease - new study
[4] Selon la formule de Benjamin Sourice qui a écrit le livre : Plaidoyer pour un contre-lobbying citoyen, 20 février 2014, aux éditions Charles Léopold Mayer