Il était une fois au Japon, un jeune veuf du nom d'Akahiko, qui vivait avec Fujiichir?, son fils unique. Très peiné et affligé par la récente disparition de son épouse, il avait reporté tout son amour vers son jeune enfant de sept ans. Qu'il lui était difficile de vivre dans la souffrance de la perte de l'être aimée.
Pourtant, Akahiko avançait grâce à un simple regard de son fils. EIl passait ses journées dans ses champs afin de cultiver la terre, tout en songeant à la grande perte de son épouse. Mais voila, qu'un soir, en rentrant chez lui, il trouva sa maison totalement incendiée. Dans les décombres, au milieu des gravats encore brûlants, il découvrit, horrifié, les cendres d’un petit cadavre. Dans la certitude qu’il ne pouvait s’agir que de son enfant, il pleura des torrents de larmes, avant de procéder aux rites funéraires.
Et tous les jours de sa vie, il porta noué à sa ceinture, un petit sac contenant ce qu’il avait pu récupérer des cendres du corps calciné.
Voila que malgré le fait qu'il soit persuadé que son fils était mort, en vérité, il n'avait pas péri dans l'incendie.
Car en vérité, il s'agissait de l'enfant d'un des brigands qui s'était trouvé là au mauvais moment. Fujiichir?, le fils unique, s'était caché à l'arrivée des brigands. Mais bien vite découvert par leur chef, il fut bientôt enlevé.
C'était une façon pour le chef des brigands, de retrouver le fils qu'il venait de perdre, en enlevant un autre enfant pour en faire le sien. Et les années passèrent.
Akahiko avait reconstruit sa maison, tous les jours il allait dans ses champs, toujours accompagné du petit sac de cendres. Mais voila qu'un jour, Fujiichir?, le fils unique, faussa compagnie aux brigands, bien décidé à retrouver son père. Il marcha et marcha encore, faisant le chemin inverse de celui qu'il avait pris, il y a bien des années. C'est ainsi que quelques semaines après, tard dans la nuit, il retrouva l’orée du bois de son enfance et la maison reconstruite à l’identique. Il avait grandi mais ici, sur les terres de son père, rien ne semblait avoir changé. Tout heureux mais le cœur serré, il s'approcha de la maison et frappa à la porte.
Son père qui avait pris quelques cheveux blancs lui ouvrit. Découvrant ce jeune homme devant lui, il demanda alors :
- Qui es-tu ? Que veux tu ?
Fujiichir?, le fils unique, répondit :
- Père, je suis ton fils, ton enfant revenu !
Baissant le regard, avec dépit, Akahiko répliqua :
- C'est impossible. Tu mens ! Mon fils est mort il y a bien des années.
Surpris qu'il ne le reconnaisse pas, Fujiichir? s'exclama :
- Mais non père, c'est bien moi ! Je suis ton fils, ton enfant !
Plein d’amertume, le père objecta :
- Tu mens ! Mon fils est mort carbonisé dans l'incendie de ma maison.
Tout en lui montrant le sac qu'il portait à sa ceinture, il ajouta :
- Ce sont ses cendres que je porte là.
Fujiichir? eut beau s'évertuer par tous les moyens à lui faire entendre raison, que cela ne servit à rien. Le père refusa de l’entendre, la main posé sur le sac de cendres. Et c'est là que coupant court à la conversation, Akahiko referma la porte sur son fils. Un moment déboussolé, Fujiichir? resta silencieux devant cette porte. Puis décidant de partir, il s'en alla très loin pour, le cœur brisé, ne plus jamais revenir.
Quant à Akahiko, il continua de vivre dans le passé et ses souvenirs. Et à ce que l'on dit, le jour ou il mourut, il garda le petit sac de cendres serré tout contre sa poitrine.
D'après Cristal Hymalaya