Le meilleur moyen de maltraiter ou d’étouffer un sujet de société consiste aujourd’hui à invoquer le danger de « dérives sectaires ». La question cruciale de l’éducation en est un exemple récent.
Alors que Philippe Meirieu, professeur en sciences de l'éducation à l'Université Lumière-Lyon 2, résume la situation : « On peut parler aujourd'hui d'une école en totale dépression. (…) Tant que la machinerie publicitaire continuera à chauffer à blanc nos enfants et promouvra le caprice mondialisé, tant que nous cultiverons le « tout - tout de suite » et détruirons les capacités d'attention comme le plaisir de penser et de rêver, l'école restera un îlot menacé et les professeurs des Don Quichotte plus ou moins ridicules. Au-delà des réformes de l'institution scolaire, c'est le statut de l'enfant dans nos sociétés qu'il nous faut repenser : cœur de cible pour les marchands et client pour les garderies de toutes sortes... ou « petit d'homme » à faire grandir patiemment par l'accès au symbolique dans des espaces apaisés ? » (L'Express), quelles sont les sources d’inquiétude affichées par le ministère de l'Éducation Nationale ? La circulaire n° 2012-051 du 22-3-2012 titre : « Prévention et lutte contre les risques sectaires » alors même que les témoins de ce ministère, auditionnés par la commission d’enquête parlementaire de 2006 intitulée « Enfance volée », ont démontré, chiffres à l’appui, que ces risques étaient insignifiants.
Parmi les cibles de cette circulaire, on trouve, notamment, les écoles hors contrat et l’instruction à domicile, c'est-à-dire les lieux mêmes où des idées novatrices pourraient être évaluées, loin des pesanteurs du « mammouth » (selon l’expression de Claude Allègre en 1997). Ce contre-sens dramatique invite à s’interroger sur les véritables motivations des personnes en charge de ce dossier essentiel, complices ou abusées par le discours antisectes inepte de la MIVILUDES.