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Découverte du plus ancien sanctuaire d'Arabie

La mission archéologique française aux Emirats arabes unis et le musée de l'émirat d'Umm al-Quwain (EAU) viennent de mettre au jour le plus ancien sanctuaire d'Arabie (3500-3200 av. notre ère), mais aussi le plus ancien site rituel connu dédié à un mammifère marin très particulier, le dugong. Ces résultats viennent d'être publiés dans la revue internationale Antiquity.

Situé aux Emirats arabes unis, sous le détroit d'Ormuz, le sanctuaire d'Akab daté de 3500 av. notre ère, apporte aujourd'hui les premiers éléments sur les rituels des sociétés côtières préhistoriques du Golfe.

Akab, un village de pêcheurs entre 4700 et 4100 av. notre ère
Déserte de nos jours, l'île d'Akab se trouve à 50 km au nord de Dubaï, dans la grande lagune d'Umm al-Quwain (Emirats Arabes Unis). Au Ve millénaire, il y a plus de 6 500 ans, Akab est un campement de pêcheurs, dont les habitations circulaires ont été retrouvées. La pêche, activité principale des occupants du lieu est pratiquée au filet ou à la ligne munie de hameçons en nacre d'huître perlière. Si toutes les ressources de la lagune et de la mangrove avoisinante semblent exploitées, les pêcheurs d'Akab ont, dès cette époque, pêché le thon, activité qui nécessitait des expéditions en mer sur des embarcations.

Une structure en os de dugong (3500-3200 av. notre ère)
Le dugong (Dugong dugon, Müller 1776), un sirénien vivant sur le littoral de l'Océan indien et dans l'océan Pacifique occidental, est bien attesté de nos jours dans le Golfe. À l'âge adulte, il mesure jusqu'à 4 m de long et son poids peut atteindre 400 kg. Aujourd'hui protégé aux E.A.U., sa chair, son huile et son cuir ont été longtemps exploités.



Akab, un sanctuaire marin
Les fouilles d'Akab ont mis en évidence des manipulations complexes de restes de dugongs soigneusement sélectionnés, la construction d'un édifice d'une taille imposante et des dispositions préférentielles d'ossements. Des dépôts volontaires de très nombreux objets (parure individuelle, sélection d'outils, objets rares ou exotiques) et des restes de mammifères terrestres domestiques et sauvages sont associés à la structure, de même que d'importants épandages d'ocre.

Tous ces éléments indiquent que l'aménagement et l'utilisation du monument d'Akab répondaient au IVe millénaire à des règles précises.
Unique au Moyen-Orient, le monument d'Akab n'a aucun parallèle au Néolithique dans d'autres parties du monde. Les seules structures comparables sont attestées sur les côtes australiennes du détroit de Torres, dans des sites rituels, les kod, mais leurs dates sont très récentes (XIVe-XXe siècles de notre ère). Comme à Akab, il s'agit d'édifices renfermant des restes de dugongs (de quelques spécimens à plusieurs centaines) et dans lesquels étaient déposés des objets (parure individuelle, outils divers, objets importés), mais aussi de la faune terrestre ou marine.

Cet article a été écrit d'après un communiqué de presse du CNRS. Pour accéder au texte original, cliquez ici